In: Erziehung und die Krise der Demokratie (1962). Dans Kurt Hahn: Reform mit Augenmaß. Ausgewählte Schriften eines Politikers und Pädagogen. (Kurt Hahn: Réforme bien considérée. Oeuvres sélectionnées d'un homme politique et pédagogue). Editeur Michael Knoll. Stuttgart: Klett-Cotta 1998. Pages 301-307.
Cf. Michael Knoll: Kurt Hahn (1886-1974). In: Nouveaux pédagogues. Les pédagogues de la modernité. Ed. Jean Houssaye. Paris: Fabert 2007. S. 303-352.
A l’occasion de la remise des prix Freiherr vom Stein à Hambourg en 1962,
Kurt Hahn a prononcé un discours solennel dans lequel il a encore une fois
déployé le thème de sa vie: La société et l’Etat ne sont en mesure de surmonter
la crise morale où ils se trouvent actuellement que s’ils arrivent de par une
réforme scolaire et d’éducation fondamentale, à donner plus de chances aux
enfants et aux jeunes pour la découverte d’eux-mêmes et pour la responsabilité
sociale que celles qu’ils ont en général. Ce que Hahn proposait, c’était l’élargissement
de la fonction d’éducation de l’école et l’introduction d’un programme
pédagogique de l’expérience vécue sous le thème: On a besoin de toi.
... Comme
Platon, moi, j’ai confiance dans la force de l’éducation. Les tentations
séduisantes sont inévitables. Nous ne sommes pas en mesure de les éliminer – ni
les méthodes du mouvement mécanique ni les tranquillisants et les stimulants,
ni la hâte peu convenable et l’agitation incessante et troublante du monde
environnant moderne. Mais nous sommes en mesure d’aider la génération des
jeunes à obtenir des habitudes qui les rendent plus résistants et évitent qu’ils
deviennent la victime impuissante de notre civilisation malsaine. L’obligation
des écoles de nos jours est un élargissement et un approfondissement de leur
responsabilité. C’est à elles de guérir et de protéger. Ce n’est pas seulement
le cas pour les internats mais aussi pour les écoles du jour. Il s’agit de
créer une ambiance fournissant des impulsions salutaires – des impulsions qui
étaient autrefois des éléments inévitables de la vie quotidienne et qui ont
presque cessé d’exister dans la société de nos jours, des impulsions à faire
des exercices sains, des impulsions à « Entreprendre des activités de
substance et d’insistance « , des impulsions aux soins, des impulsions à
regarder en arrière et en avant et aussi à anticiper la réalité dans les rêves.
Des impulsions à l’autodiscipline, des impulsions à l’autodéfense et au service
aux prochains.
Moi, je
préconise l’introduction d’une cure préventive, la thérapie de l’expérience
vécue. Nous revendiquons l’introduction d’une pause d’entraînement au moins
quatre fois par semaine pour prévenir la dégradation de la capacité physique.
Aujourd’hui, nous sommes en mesure de revendiquer cela, non seulement dans
notre fonction de pédagogues mais aussi au nom des médecins. C’est un fait
aujourd’hui que le manque d’exercice n’est pas moins dangereux que c’était le
cas pour la sous-alimentation avant la guerre. Un nombre effrayant d’hommes et
de femmes meurent d’un infarctus du myocarde entre quarante et soixante ans, et
le manque d’exercice en est largement responsable. Comment exiger des hommes
mûrs d’intégrer une activité physique dans leur ordre du jour quand la joie enfantine
à l’exercice a cessé d’exister dans la période pubertaire déjà? Dans la pause d’entraînement,
il faut exercer la maîtrise du corps, la vitesse et la force à sauter, et ce à
l’aide de buts de performance. D’une part de ceux que chaque garçon ou chaque
fille sont en mesure d’atteindre, puis d’autres qui sont assez ambitieux pour
encourager l’athlète bien doué à y aspirer. Aucun élève ne doit être autorisé a
développer seulement ses points fort innés; il faut également être amené à
maîtriser sa faiblesse le plus souvent innée. C’est pourquoi il est nécessaire
de combiner les différents buts de performance dans un seul perspective. La
cure préventive demande de l’athlète d’un talent moyen le record qu’il est en mesure
d’atteindre, c’est-a-dire largement moins de performance mais autant d’effort
que demandé en général à un sportif excellent. De cette façon, il est possible
d’associer à l’entraînement fatiguant des conditions d’entraînement évidentes,
telles qu’une défense de fumer par exemple.
Ici, je me
trouve sur du terrain dangereux. Toute une série d’internats connus ont aménagé
des chambres fumeurs pour les élèves de première, et malheureusement, il y a
aussi beaucoup de parents qui favorisent l’envie de fumer de leurs enfants ou moins
la tolèrent. Ici, il faudrait faire appel à l’association contre les coups et
le mauvais traitement des enfants. Aujourd’hui on sait que de grands fumeurs
sont des candidats prédisposés au cancer du poumon et que de jeunes fumeurs ont
tendance à être de grands fumeurs quand ils sont des adultes. Il ne faut pas
négliger non plus un autre danger: celui qui tombe en proie à la nicotine à l’âge
de puberté, devient réceptif dans de nombreux cas à d’autres tranquillisants
qui constituent une grande menace et qui lui sont offerts dans sa future vie.
Ce n’est qu’aujourd’hui qu’on commence à reconnaître toute l’ampleur et la
gravité de l’épidémie des somnifères. Nombre de personnes modernes perdent pour
toujours leur sommeil naturel – « le baume des âmes blessées », comme
disait Shakespeare.
La capacité
physique est la base nécessaire, mais en aucun cas une base satisfaisante à l’expédition
– abordons un deuxième élément important de la thérapie des expériences vécues.
Pas mal d’athlètes excellents n’aiment pas le vent et le temps. Leur vie
ressemble parfois à une cure de repos, interrompue par des records. Les
expéditions à terre et sur l’eau devraient encourager la prévision de
planification, de même qu’encourager les attentions, la précaution, la force de
décision et la persévérance dans la réalisation. Le poète Joseph Conrad a
trouvé des mots inspirateurs concernant la valeur de telles expériences. Dans
son roman Lord Jim, il décrit la
défaillance tragique de son jeune héros noble et bien élevé. Il a fait son
service militaire comme officier sur un bateau de pèlerins. Lorsque le bateau a
failli couler, il l’a quitté discrètement la nuit, dans un accès d’éblouissement.
Et Joseph Conrad explique le comportement incompréhensible de la manière
suivante: « Il n’a jamais dû faire
preuve de sa résistance, ni de sa résistance nerveuse dans des expériences, ni
de la sincérité de sa posture devant les autres et lui-même. Les expéditions ne
sont pas toujours populaires. Une fois j’ai demandé un garçon qui a vécu trois
tempêtes nord-est pendant une promenade en voilier vers les Orkneys, comment il
a trouvé cette expérience. » Il a répondu: « C’était excellent – sauf
actuellement ».
Le troisième
élément, c’est le projet. Cela peut être un projet en art ou en poésie ou une
opération de recherche ou la construction d’un appareil scientifique compliqué
ou celle d’un petit édifice, mais tous ces projets différents devraient avoir
une chose en commun: qu’ils visent à un but bien déterminé et demandent de l’approfondissement
et de l’endurance. Les projets ne sont pas destinés à être de succédanés d’examens,
mais plutôt des compléments. Les examens contrôlent la volonté et la « surface
intelligence », l’intelligence surface: les projets font souvent découvrir
des réserves cachées de l’intelligence.
Le quatrième
élément, c’est le plus important: le service aux prochains. À la fin du siècle
dernier, William James a défié les pédagogues et les hommes d’Etat: découvrir l’équivalent
morale pour faire la guerre: Quand le bien-être et le profit, selon James, sont
les objectifs qui déterminent la paix, un désir élémentaire ne peut pas être
satisfait et est aux aguets: le désir ardent de servir une chose à laquelle on
peut s’adonner. Là le est danger que – dans une crise internationale – la
guerre devienne le séducteur et soit salué comme quelque chose qui peut nous
sauver d’une paix qui a du plomb dans l’aile.
On a
découvert l’équivalent moral. La passion de sauvetage dégage un dynamisme de l’âme
humaine qui est encore plus puissant que le dynamisme de la guerre. C’est une
expérience encourageante qui a toujours été confirmée. Permettez-moi de vous
rappeler les sauveteurs du déferlement en Australie [...], le National Ski
Patrol en Amérique du Nord, le secours en montage de Bavière, les branches de
sauvetage à Gordonstoun, les écoles courtes, le Duke of Edinburgh Award, la « Zellidja
Fondation », le « Peace Corps » [...] l’engagement passionné de
jeunes gens au « Signe de l’expiation » récemment à Coventry, avant
en Norvège, en Serbie, en France et en Israël.
Insignes,
écoles courtes, voyages d’exploration, services de secourisme à l’étranger – ce
sont là des expériences salutaires, mais il ne faut pas se faire des illusions
sur leur portée limitée. Elles ne sont pas en mesure de guérir les plaies
sociales. Il est vrai qu’elles ont prouvé que ces dernières sont guérissables
et elles devraient nous encourager à entamer une attaque générale contre le
système scolaire en vigueur dans tous les pays libéraux.
C’est
maintenant le bon moment. Dans les écoles d’Etat, une inquiétude agréable se
fait sentir parmi les proviseurs et les jeunes enseignants. Beaucoup d’entre
eux se préoccupent des jeunes qui leur sont confiés. Ils veulent passer à l’action
avec l’éducation civique, c’est-à-dire ils reconnaissent la nécessité de non
seulement enseigner les droits d’un citoyen aux jeunes, mais aussi pratiquer
les actions d’un citoyen. Ce n’est possible que si l’école du jour se décide à
la formation du milieu et développe une forte vie en commun qui attribue des
devoirs à chaque élève, mais des responsabilités à une minorité qui en est
digne, des responsabilités qui sont assez sérieuses pour menacer le petit Etat
lorsqu’elles sont effectuées avec peu de ménagement.
En 1930
déjà, j’ai revendiqué la fondation d’écoles de banlieue et aujourd’hui, je suis
convaincu plus que jamais qu’une école du jour qui place les élèves sous sa
responsabilité pendant toute la journée et qui – pour ce faire – bénéficie des
expériences des institutions d’éducation à la campagne, est en mesure d’atteindre
les mêmes effets curatifs et ce sans s’accommoder des inconvénients dont aucun
internat isolé n’est à l’abri. Il faudrait étudier soigneusement la vraie
autogestion des élèves qui s’est développée dans les grands internats anglais
et les institutions d’éducation à la campagne. On m’a demandé une fois: quelle
était la contribution de Eton et de Harrow à l’éducation démocratique? Et je
leur ai répondu: Ils ont enseigné à leurs jeunes élèves à argumenter sans se
disputer, à se disputer sans se soupçonner et à se soupçonner sans se diffamer.
Nous avons besoin de démonstrations qui peuvent même convaincre les sceptiques.
Je regarde avec plein d’espoir Hambourg, me souviens des effets formant les
hommes émanant par exemple de la Lichtwarkschule.
Il faudrait
construire l’école de banlieue à peu près à vingt kilomètres de la grande
ville. On peut imaginer un vieux château ou une construction nouvelle pour
loger le bâtiment principal. Le plus important est d’éviter de donner le
caractère d’une institution. Cela éviterait que l’école devienne une maison. De
par leur beauté, l’emplacement et le bâtiment principal devraient déjà préparer
les élèves à l’attachement. Trevelyan avait dit une fois: « Bénit soient
ceux qui aiment un bel endroit par un amour enraciné dans les souvenirs de l’enfance. »
Les élèves, ceux du collège jusqu’à ceux de Terminale – au nombre de quelque
cinq cent – devraient déjeuner et dîner à l’école, et ce dans une pièce digne
et dans des conditions civilisées.
Le bon
après-midi serait consacré au repos et serait disponible pour faire du sport,
pour les corporations, les exercices du service de sauvetage, le travail d’atelier.
Des lavabos spacieux et hygiéniques devraient être disponibles. Les devoirs
devraient être faits à l’école tard dans l’après-midi. Chaque élève disposerait
d’un espace de travail limité, un soi-disant domaine privé qu’il peut aménager
à sa guise. Au cours de l’heure de travail, il faudrait avoir un silence
comparable à celui d’un couvent. Le samedi serait jour de congé, toutefois les
élèves de première devrait utiliser le samedi matin pour la réalisation de
projets à la maison. Plusieurs fois par trimestre, des expéditions devraient
avoir lieu le week-end sous la direction de professeurs, la plupart d’entre
elles avec un but spécifique d’exploration.
Ce plan peut
seulement être réalisé aux conditions suivantes:
1. Il
faudrait introduire la journée de huit heures pour un nombre limité de
professeurs. Afin qu’ils puissent accomplir avec une énergie nouvelle leur
tâche de diriger les occupations de l’après-midi, il serait nécessaire de
réduire leur députation de professeurs à 16 heures environ.
2. En raison
de leurs propres opinions et coopération, ces professeurs devraient se
familiariser avec les méthodes de l’éducation civique pratiquée dans les
institutions d’éducation à la campagne.
3. Pour ce
faire, il est nécessaire de rattacher à de tels internats des formations qui
considèrent l’éducation à la responsabilité comme une de leurs tâches les plus
importantes.
4. Les
parents ainsi que l’école de banlieue devraient se sentir obligés de s’influencer
réciproquement. L’association des parents d’élèves devrait être invitée au
moins une fois par mois à l’école pour une soirée de discussion.
Je sais bien que la réalisation de ce plan demande des
dépenses financières qui dépassent largement le budget normal d’éducation
disponible dans les départements et les communes. Je mise sur l’assistance de l’industrie
qui se rend compte de plus en plus aujourd’hui de sa responsabilité historique.
L’Etat et l’économie devraient coopérer. Des fonds publics ne seront pas
disponibles tant que la menace de la misère psychique de nos jeunes n’est pas
reconnue.
Conclusion: Dans l’ensemble du monde libre, des forces
guérissantes se mettent en mouvement – réussiront-elles à pénétrer assez
rapidement la civilisation malsaine? Le délabrement s’effectue à un rythme
inquiétant.
Nous avons besoin d’événements qui effrayent l’opinion
publique et qui aident à reconnaître que la grande tâche de nos jours est de
protéger nos jeunes contre la dégradation, l’amollissement et l’affadissement.
C’est seulement sous la pression de l’opinion publique que les gouvernements se
décideront à mettre en œuvre la réforme décisive du système éducatif, une
réforme, certes, qui ne profite pas seulement aux jeunes étudiants mais aussi
aux jeunes travailleurs. Kennedy a été le premier homme d’Etat dans le monde
libre qui – en périodes de paix – a offert aux jeunes des tâches qui concernent
l’homme entier. En Europe aussi, l’appel « On a besoin de vous « trouvera
une partie considérable de la jeune génération prête à l’action.
J’attends beaucoup d’une convention qui se réunira en mai
1963 à Londres pour discuter de prévention des accidents et de sauvetage, mais
surtout de la méthode redécouverte de la respiration artificielle de personnes
évanouies. Cette convention a été convoquée par le Royal College of Surgeons
qui éprouvait de l’inquiétude en assistant à l’indifférence générale par
rapport à la mort absurde. Le gouvernement, des organisations de sauvetage et
des écoles seront représentés. Des médecins connus présideront les discussions
publiques. On a l’intention de faire retentir un triple appel:
-
L’appel aux écoles por
accorder assez de place dans le programme de la semaine aux premiers soins et
au cours de sauvetage.
-
L’appel aux
organisations de sauvetage pour ouvrir leurs portes à la jeune génération et à
faire confiance à la compétence et le dévouement de jeunes gens entraînés avec
précaution.
-
L’appel aux jeunes
pour s’engager pour lutter contre la mort inutile.
Je ne pense pas que cet appel se perde sans effet. J’espère
qu’un corps de sauvetage et d’aide se trouvera auquel participeront aussi de
jeunes bénévoles. Le corps devrait se composer de nombreux groupements: d’aides
de sapeurs-pompiers, du service de surveillance côtière, de sauveteurs du
déferlement, du secours en montagne, d’aides de la police routière, d’aides aux
aveugles et d’aides dans les hôpitaux. Chaque branche de ce corps exigerait un
examen d’admission particulier où seuls seront admis les jeunes qui auront
passé auparavant un examen de garde, aux premiers secours, en sauvetage et en
capacité physique.
Je ne m’attends pas à un mouvement de masses volontaires.
Mais une minorité imposante ne manquerait certainement pas. Il nous faut des
exemples bien visibles, des exemples qui font école, voire mènent à la création
d’une mode de services bénévoles. Nous avons besoin d’une aristocratie de
dévouement.
L’ouverture du premier Atlantic College dans le Sud du
pays de Galles a été effectuée au bon moment. Cinq autres collèges de ce genre
devraient être établis plus tard en Europe et en Amérique. En septembre de l’année
dernière, cinquante-six garçons âgés de seize àdix-huit ans et venant de douze
pays différents de l’Occident se sont réunis au château vénérable de St. Donat’s.
Là, ils sont préparés dans un cours de deux ans à l’examen du baccalauréat,
qui, nous l’espérons, sera reconnu dans l’ensemble des pays libres. De comités
nationaux ont la tâche de sélectionner les garçons appropriés parmi les
candidats en fonction de leurs talents, leur connaissance et leur caractère. Des
fonds publics sont déjà disponibles en Angleterre et en Allemagne, afin d’être
en mesure d’admettre des candidats pleins d’espoir venant de familles sans
fortune. La majorité d’élèves qui se trouvent actuellement à St. Donat’s
bénéficie de bourses d’études. Chaque groupe national est à accompagner d’un
professeur de leur propre langue et l’histoire pour éviter que les garçons s’éloignent
de leurs racines. Le service de sauvetage occupe une place d’honneur dans la
vie en commun. Le château se trouve le long une côte dangereuse et les
montagnes ne sont pas loin. Le directeur, l’amiral Hoare, a renoncé à une
carrière excellente dans la marine pour donner naissance à ce premier Atlantic
College et le développer. Dans trois ans, le nombre d’élèves doit augmenter à quatre
cents. Le but suprême de la vie du directeur est de donner les mêmes soins au
service de sauvetage que ceux qui furent réalisés au service de guerre. St.
Donat’s reste ouvert pendant les vacances. Là, on a l’intention de tenir des
séminaires pour les professeurs et les animateurs de jeunesse du pays même et
de l’étranger qui veulent se familiariser avec les méthodes les plus récentes du
sauvetage. Pour le cours de deux ans, on a l’intention d’admettre également, et
le plus tôt possible, des élèves des pays derrière le rideau de fer.
Depuis que Chruschtschow a admis en octobre 1956 que l’assassinat
et le massacre ainsi que la torture ont été des éléments essentiels du
stalinisme, on assiste en Russie à une nostalgie de la liberté de penser.
Pendant des années, elle était longue à se faire jour, mais aujourd’hui c’est
une puissance d’esprit à laquelle il faut s’attendre. Une jeunesse inquiétée
regarde vers l’Ouest, avec plein de méfiance, mais pas sans espoir, et pose une
question qui nous fait rougir: « Vous prenez au sérieux les idéaux que
vous proclamez? » Qui donc doit donner la réponse? Moi, je dis: les jeunes
gens qui se chargent volontairement d’un service difficile pour être prêts à
assister les prochain dans la misère et le danger. ...